Simon John, Medievalism in Nineteenth-Century Belgium. The 1848 Monument to Godfrey of Bouillon, coll. “Medievalism”, vol.XXIV, Woodbridge, Boydell and Brewer, 2023.
This study of the monument of Godfrey of Bouillon offers new insights to the political uses of public monuments devoted to figures from the past, modern uses and appropriations of the Middle Ages, and the role of historical culture in the creation of national identity.
On 15 August 1848, a bronze equestrian statue of the crusading hero Godfrey of Bouillon (d.1100) was unveiled in the Place Royale in Brussels, Belgium’s capital. Conceived and largely funded by the national government, its creation was a major element in a programme of political and cultural consolidation put into place after the Belgian Revolution (1830-1831) and the consequent establishment of the nation’s independence. From the outset, the monument was designed to transmit ideas about history and nationhood, and functioned as a focal point in discussions of politics, language, religion and identity.
This book sheds new light on a range of dynamics in nineteenth-century Belgium, using the statue as a prism; it investigates responses to it both home and abroad, and traces broader national interest in the commemoration of Godfrey, adopted as a national hero despite being born almost 800 years before the emergence of the state. Above all, it reveals that Belgian politics and culture in this period were profoundly shaped by a sustained interest in the Middle Ages, and by efforts to shape a historical narrative that traced Belgian nationhood back to that era, and beyond.
Table of contents
List of illustrations
Acknowledgments
A note on language and names
List of abbreviations
Preface
Introduction
1. State-building, historical culture and public monuments in nineteenth-century Belgium
2. The physical setting of the monument: Brussels’ Place Royale
3. The creation of the monument
4. The changing meanings of the monument
5. The monument as a lieu de mémoire I: culture and politics
6. The monument as a lieu de mémoire II: history and national identity
Conclusion
Bibliography
Index
L’étude de Simon John porte sur la statue équestre érigée sur la place royale de Bruxelles le 15 août 1848 en l’honneur de Godefroy de Bouillon – une immense statue de bronze conçue par Eugène Simonis, et installée sur un piédestal orné de quatre bas-reliefs créés par Guillaume de Groot. Ce faisant, l’auteur revient sur le contexte politique de la Belgique du XIXe siècle, nouvellement formée, et comment ce contexte fait écho aux mouvements et agitations perceptibles en Europe à la même période : comment l’érection d’une statue à l’effigie d’une figure médiévale incarnant la monarchie et des valeurs catholiques conservatrices prend-elle sens dans un pays ayant récemment pris son indépendance et cherchant à consolider son statut d’État-nation. L’ouvrage s’intéresse à la façon dont la figure de Godefroy de Bouillon – sa « mémoire », telle qu’elle est mentionnée ici – est convoquée « en Belgique pour déclencher ou soutenir la notion d’identité et le statut de nation entre 1830 et 1914 » (p.xxvii).
L’analyse inclut une introduction qui interroge brièvement le rôle et l’intérêt des héros nationaux, en revenant sur l’utilisation de traditions associées au Moyen Âge – mais qui ne sont pas nécessairement médiévales pour autant – pour forger et consolider la nation belge. Comme l’étude approfondit en détail l’histoire politique belge, et plus spécifiquement l’histoire de Bruxelles, une connaissance préalable du pays, voire de l’architecture et de l’organisation urbaine de la ville, pourra être un plus dans la découverte de l’ouvrage. Si l’auteur contextualise autant que possible son propos, la maîtrise de la Révolution belge et du contexte politique de la Belgique de la première moitié du XIXe siècle reste nécessaire pour donner tout son sens à l’ouvrage.
Outre l’introduction, elle-même assez complète, et la conclusion plus synthétique, l’étude est divisée en six chapitres qui détaillent et surtout contextualisent la commande, la conception, l’installation et la réception de la statue de Godefroy de Bouillon sur la place royale. Les chapitres reposent sur une division thématique, qui n’évite toutefois pas par moment les effets de répétition, par exemple sur le rôle de certaines élites belges, comme Félix de Mérode et Charles Rogier – un phénomène de piétinement ponctuel qui est peut-être attendu dans un ouvrage à l’objet aussi ciblé, mais qui parvient malgré tout à tracer des perspectives bien plus larges à partir d’un exemple considéré comme représentatif. Il est à noter que l’approche tient compte en large partie des enjeux de réception de la statue, et plus généralement de la figure de Godefroy de Bouillon, et aborde donc la question plus vaste du médiévalisme politique et culturel de la Belgique – surtout des élites belges – du XIXe siècle, en particulier dans les chapitres 4 et 5. Le principal apport de l’étude repose sur la prise en compte de ces perspectives médiévalistes au regard d’une connaissance fine du Moyen Âge, faisant ainsi directement dialoguer le XIe et le XIXe siècle dans la perspective de la construction de l’Etat-nation belge.
Enfin, pour compléter l’approche largement tournée vers la culture matérielle et visuelle développée dans les différents chapitres, l’ouvrage est richement illustré, avec quatre cartes géographiques, ainsi que des plans architecturaux, des reproductions de tableaux (dont deux en couleur), et des photos (dont là encore deux en couleur), dont certaines issues de la collection personnelle de l’auteur.
Détails et commandes sur le site de l’éditeur.